Cette année, je me sens bien chez moi, j’ai beaucoup de projets au jardin, je n’ai pas forcément l’appétence habituelle pour partir à vélo. D’autant que nous sommes déjà entrés dans une période de canicule.
C’est étrange à vivre pour moi. J’ai tellement parlé de partir ces dernières années que je suis troublée que l’envie soit si peu présente… Mais nous avions dit que nous partirions aux enfants qui sont contents alors nous partons.
Nous commençons à avoir l’habitude nous n’avons donc pas préparé grand chose à l’avance et le temps passe si vite que nous nous décidons un peu tardivement sur la destination.
C’est parti pour l’Allier !
Le tout début de la chaîne des puys. Notre première expérience véritable avec un peu de dénivelé et sous une autre forme. Cette année Lucie roulera avec son vélo et je porte un follow-me pour la tracter dans les côtes et dans les moments de fatigue ou de ras le bol. Plus qu’une seule charrette donc.
Il fera chaud sur la route. Ce sera dur et les sites de bivouac seront difficiles autant que les campings, en raison d’une compétition d’aviron qui prend d’assaut les places restantes.
Nous nous demandons à mi-parcours si nous poursuivons tant la chaleur nous accable. A vélo, les moyens de faire volte face se calculent. Soit nous faisons demi-tour pour retourner une étape en arrière et prendre un train plutôt pour rentrer, soit nous décidons de continuer et nous sommes obligés d’aller au bout car nous n’aurons pas la possibilité de trouver une gare avant la destination finale.
Le soir la discussion tourne autour de cela et de cela et de… mais ne trouve pas d’issue. Nous ne savons pas quoi faire. Si bien que nous décidons d’aller nous coucher et de décider au réveil.
Le lendemain matin, au moment d’emballer les dernières affaires, nous prenons conscience tout à coup que nous n’avons rien décidé. Pas décidés verbalement j’entends car en se regardant tous, on voit bien que la décision s’est prise à un autre niveau. Inconsciemment. On valide quand même et c’est une évidence pour chacun que “oui on continue” !
A la fin de ce trajet, Lucie, 5 ans, nous demandera si nous ne pouvons pas nous prendre la main, tous, “pour se féliciter parce que quand même on est allé au bout !” Mais oui bien sûr ! Que de justesse et quelle belle école que celle-ci… C’est cela. Nous sommes allés au bout. Et nous pouvons les remercier parce que cette fois-ci, vraiment, il y a eu des moments difficiles, des dénivelés importants pour notre manque d’habitude, le chargement ou poids que l’on tire, sans compter la chaleur qui s’est invitée très franchement et nous a forcés de modifier les choses en cours de route.
Lever vers 6 heures pour tenir le rythme et s’arrêter à midi pour ne pas rouler sous le feu qui nous brûlait tant. Les enfants ont tenu malgré tout et nous sommes admiratifs.
Je n’arriverai pas à rentrer à la maison. Nous y serons de retour, évidemment, mais quelque chose ne s’enclenche pas en moi. Je n’arrive pas à rentrer. La dernière fois que nous avons vécu cela c’était quelques années auparavant.
Marc ne rentrait pas après l’été. Sa place ne correspondait plus à celle dont il avait besoin. Il décida alors de quitter son emploi.
Pendant les jours qui suivent, je prends conscience que comme à chaque retour, la peau de mon visage voit apparaître des plaques comme des dartres… Je me dis que décidément, le vent et le soleil ne sont pas des grandes aides… avant que je ne prenne conscience que c’est systématiquement au bout du voyage. Sauf que là, nous sommes partis une semaine de moins… et si ce n’était pas l’extérieur mais l’intérieur qui réagissait à la fin du voyage ?
Conscientiser cela fera disparaître le tout en 2 jours à peine, le temps que l’éclaircie arrive.
Je sens alors comme un grain dans l’engrenage qui saute.
“ça y est je sais, ce n’est plus un rêve de partir longtemps : c’est un projet”.
Et le bonheur d’être si bien accompagnée me permet d’entendre en réponse : “alors si c’est un projet.. bien… on va partir !”.
Alors on part. Quand ? Où ? Comment on fait pour, et pour ?…
Beaucoup de questions. Peu de réponses. Mais on sait tous les deux que l’important n’est pas de savoir y répondre dès maintenant mais de savoir au plus profond de nous que nous partons. Que ce projet répond à un appel qui nous dépasse et qui répond à beaucoup de nos attentes.
L’important c’est le premier coup de pédales. Le premier pas. Le reste se fait en chemin. Toujours.
Alors oui, on part !
Les enfants ? “Yeees ! trop bien !“