…deux de nos matelas sont complètement dégonflés, lacérés par les fibres de verre. Estelle et moi avons dormi sur les matelas dégonflés et ce matin, je me lance dans les réparations. Je suis bien attentivement les indications pour coller les rustines. Ces matelas sont confortables et très isolants. Sans eux, pas possible de bivouaquer sereinement et difficile de s’en faire livrer d’autres (en plus du fait que c’est très cher).
Rejoindre les amis
Nous avons rendez-vous ce midi avec nos amis français à la basilique d’Esztergom. Ils repartent demain en France et ont fini leur tour des amis hongrois. Pic-nique au bord du Danube sous le soleil et visite de la plus grande basilique d’Europe qui trône sur l’éperon rocheux qui nous domine.
Nous sommes bien heureux de les revoir avant leur départ. Retrouver des proches durant ce voyage nous nourrit.
Direction la Slovaquie
Il est temps de se quitter. Pour nos amis de passer une dernière nuit chez Alain et Judit, que nous allons rencontrer prochainement, avant de reprendre leur avion. Et pour nous d’aller chercher un spot de bivouac car les campings locaux sont fermés. Nous prenons le pont majestueux et repassons côté zone euro. Nous ne tardons pas à trouver un endroit ad hoc et la nuit bien fraîche fait suite à cette journée très ensoleillée. Et la grosse bonne nouvelle de la nuit, c’est que les matelas tiennent bon ! OUF !
Scope 3
Alors oui, on peut dire que voyager à vélo c’est peu émetteur de gaz à effet de serre. Slow travel, un peu de train de temps en temps, etc. Mais tout le matériel que nous avons acheté neuf, il a bien fallu le produire ! Et les amis qui viennent en car ou en avion, on le comptabilise comment ? Ils ne l’auraient pas fait ce voyage, si nous n’avions pas été là.
Bon, je n’ai pas fait le calcul, et je ne le ferai pas, mais je me dis une fois de plus que nous sommes bien dépendants des énergies fossiles et de la méga-machine industrielle de laquelle le voyage à vélo prétend nous extraire dans l’imaginaire de certains influenceurs instagram douteux.
Lorsque mon cousin Thomas est parti avec ses amis et son vélo pour un grand tour du monde il y a plus de 20 ans, il n’y avait pas de e-commerce ni de GPS sur le smartphone. Pour donner des nouvelles à ses proches, il fallait utiliser le courrier. Peut-être avait-il déjà une adresse e-mail. Les temps ont bien changé et il est bien plus aisé de voyager maintenant.
Le changement ne se joue en définitive pas vraiment à cet endroit. Certes, notre vie ressemble un peu à de la décroissance, mais pas tant que ça en définitive. Le changement est intérieur et il est encore plus lent que le slow travel. Retrouver ou faire grandir la connexion au Vivant. Réunir l’Homme et la Nature, se débarrasser de cette distinction arbitraire et absurde. Chérir et choyer ce Vivant en nous et en dehors de nous. Se sentir faire partie d’un tout. Le sentir dans sa chair. À suivre.