Beau Danube bleu

et accordéon

Écrit par Estelle, Marc le .

Ce matin nous quittons Nyul, traversons Győr et avançons à bonne allure car Marc a un rendez-vous professionnel important en début d’après midi. Il nous faut donc rouler suffisamment pour avancer et avoir le temps de trouver l’endroit adéquat pour qu’il puisse travailler. Nous visons les bords du Danube et sommes ravis d’y arriver.

Comme à chaque fois, le plaisir de retrouver de l’eau est identique. Cet élément nous apporte toujours quelque chose. Pendant que Marc travaille nous nous installons avec les enfants au bord du Danube. Lucie joue un long moment et part à la quête de trésors que l’eau lui aurait déposés parmi les rochers et cailloux tandis que Léon teste ricochets et autres lancés dans l’eau. J’en profite pour prendre une pause méditative et découvre ensuite avec plaisir tous les trésors de Lucie déposés devant moi : des coquillages petits et gros, des morceaux de bois flottés, de poterie polie par l’eau et une pierre toute étonnante.

Trésors perdus

Nous devons reprendre rapidement la route. Le rendez vous a duré plus longtemps que prévu et les jours raccourcissent vraiment beaucoup. Dés 17h nous devons mettre les lumières. Mais voilà… Lucie ne retrouve pas ses trésors. Elle les avait posés sur la table à côté de Marc et lorsqu’elle y retourne les serveurs ont tout enlevé. C’est vraiment dur pour elle. Alors nous retournons à l’intérieur et leur expliquons. Heureusement les affaires avaient été jetées dehors donc elle peut en récupérer une bonne partie et son sourire en dit long sur le soulagement qu’elle ressent.

Lucie aime beaucoup faire des trouvailles sur la route et a le talent de savoir les utiliser ensuite, en les décorant ou en mettant un petit mot pour remercier les gens de leur accueil. Léon trouve cela incroyable car pour lui “c’est difficile de donner quelque chose que j’ai pris pour moi parce que je trouve ça beau… Je ne sais du tout faire ça moi”. Cela nous permet d’évoquer les compétences de chacun et la chance que l’on a de pouvoir s’appuyer sur les autres pour développer celles que l’on n’a pas. Grandir à deux ou plus et savoir voir les talents de l’autre comme une chance est tout un apprentissage. Lorsque cela est présent on en mesure toute la richesse !

Recherche vespérale

A la nuit tombée nous sommes toujours sur la route. Il fait froid mais rouler tient chaud ! Nous avons installé des frontales sur les vélos car ils ne sont pas équipés pour rouler de nuit. Le temps se fait long pour trouver. Je me laisse guider et nous frappons à une porte, les habitants sont charmants, souriants et très actifs dans la recherche de solutions ! Ils nous indiquent un lieu qu’ils pensent plus sûr que les bois que nous visions. Nous ne comprenons pas bien si les tensions sont liées au passage des migrants fuyants l’Ukraine mais c’est ce que l’on devine à demi mots échangés.

Alors que nous avançons sur un chemin cabossé avec une visibilité très restreinte, sans comprendre vraiment où nous roulons, nous tombons face à face avec 2 messieurs. Gergő et son père Jozsef nous déconseillent de dormir au bord de l’eau car là où nous nous trouvons, il y a moins d’un mois, ils étaient sous l’eau. Ils nous proposent de dormir dans un espace plus haut à l’extérieur de chez eux et nous aident à monter les vélos afin d’être juste au-dessus du niveau de la dernière crue. Ils se démènent pour nous installer la lumière, l’électricité et même des toilettes ! Un peu plus tard dans la soirée ils viendront nous apporter une spécialité achetée juste pour nous quelques minutes plus tôt, un Kürtőskalács. Cette spécialité semble être plus d’origine Transylvanienne mais est très présente en Hongrie.

Batterie de maladies

Au matin nous discutons avec Gergő de la migration et il nous explique qu’il y a surtout beaucoup de travailleurs immigrés qui viennent dans l’usine de fabrication de batterie au lithium. Gergő explique que les Hongrois ne veulent pas travailler dans ces usines car pour beaucoup elles sont responsables de nombreux problèmes de santé… Cela nous amènent forcément à questionner le développement de notre société. Des sujets d’interrogation il y en a tellement… Quand beaucoup ne sont plus questionnés et jugés comme acquis…

Après indication d’itinéraire nous nous quittons, heureux une fois de plus d’avoir pu rencontrer des personnes avec qui échanger.

Camping à la ferme

Nous passons donc côté Slovaque pour quelques kms. Puis retour côté Hongrois. Marc est bien fatigué aujourd’hui et les enfants ont également envie de s’arrêter, alors dès que l’on aperçoit un camping en bord de route c’est l’occasion. Tout est ouvert et nous comprenons assez vite qu’il y a peu il devait être sous l’eau au moins d'1m50. Nous attendons un peu et une voiture arrive. On nous explique que c’est fermé et qu’ils ne sont pas dans la capacité de nous recevoir mais qu’a une bonne trentaine de kms nous devrions trouver un endroit où nous poser.

30 kms ?! Avec le ras le bol déjà présent et la fatigue cela semble impossible. Mais on doit rouler et avancer car de toute façon, il n’y a pour le moment aucun endroit où mettre notre tente. Des kms plus loin nous cherchons et finissons par nous arrêter devant une ferme. Lajos, Julianna et Zoltan nous accueillent à bras ouverts, nous mettent au chaud, nous proposent une douche…

En installant les matelas et duvets dans la pièce qu’ils nous offrent, je vois que Marc a un doute sur le sol. Il semble qu’il y ait comme de la fibre pris dans le béton. A la main rien n’accroche mais nous nous disons que si nous avons un doute on doit mettre sans hésiter notre bâche de sol pour protéger. Marc gonfle puis mets les matelas de côté avant d’installer la bâche. On verra la suite après.

Les enfants cassent des noisettes avec la doyenne et nous profitons de la délicatesse de l’odeur des paprika qui sont en train de sécher à côté de la chaudière à bûche. J’observe sa technique pour assembler les paprika ensemble et les faire sécher. Avec une grosse aiguille au gros chas, elle passe une corde dans les queues et les croisent en croix en les alternant.

On nous invite a boire un verre. Un regard dans la pièce nous indique que nous avons peut être un immense problème mais pour l’heure nous répondons à l’invitation ! La soirée se cloture en musique au son de l’accordéon et/ou du ukulélé avec chants hongrois et français ! Un beau partage qui nous fait du bien. On se sent vraiment bien et nous prenons beaucoup de plaisir à rire ensemble. Nous ne comprenons pas tout même si Zoltan, le fils, qui parle anglais, sert de traducteur. La soirée se termine dans la joie et les mercis.

Au retour dans notre pièce à coucher, nous devons faire face a un vrai problème qui risque de mettre une grande parenthèse à la suite de notre voyage… surtout avec l’hiver qui s’approche et les températures qui chutent.