Le départ de chez Miran et Marta ne se fait pas sans émotion. Nous reprenons la route de Slovenska Bistrica. C’est là que nous avions retrouvé Alban la dernière fois.
Juste avant de rentrer dans un magasin pour faire les courses, une voiture s’arrête et un des hommes qui nous avait accueillis pour un goûter impérial nous salue. Encore un clin d’œil fort sympathique.
Nous avançons sur l’itinéraire conseillé par Marta. Il est fort charmant, bien qu’il y ait cette petite côte dont nous nous serions bien passés. Il semblerait que nous soyons bien fatigués. Nous nous arrêtons peu après dans un joli bois. Pour les enfants, c’est la fête. Et pour moi aussi, il y a plein de champignons. J’en choisis quelques-uns, lépiotes élevées (macrolepiota), pieds bleus (lepista nuda), lacaires laqués (lacaria lacata), juste de quoi se faire une petite poêlée avec deux œufs. Décidément, nous aimons fort l’automne.
La salamandre qui fait du crawl
Au matin, Lucie et Estelle vont marcher dans les bois et rencontrent une magnifique salamandre. Lucie trouve qu’elle se déplace comme si elle nageait le crawl. Nous rencontrons aussi des petites grenouilles rousses.
Nous passons devant un gigantesque élevage de bêtes à viande qui fait froid dans le dos et qui fait écho aux discussions avec Andrej. Des dizaines de grands hangars rangés et espacés méthodiquement dans un espace clôturé. Viande d’Europe sans doute.
Nous profitons un petit peu de Ptuj qui est la plus ancienne ville de Slovénie. Il y a peu de monde aujourd’hui et ce n’est pas déplaisant.
Nous poursuivons vers Ormož par un bien charmant itinéraire. Nous finissons pas trouver un bois qui peut nous accueillir pour la nuit. Les enfants courent dans tous les sens et trouvent des ossements de sanglier et autres. Ils jouent aux archéologues en criant et en courant partout !
Lumières du soir
Nous nous couchons bien tôt et je m’endors très vite, non sans avoir pu apprécier les couleurs magnifiques du coucher du soleil. Regarde, le ciel est couleur pamplemousse !
Le réveil est donc un peu étrange lorsque nous entendons des voix et apercevons la lumière bleue des gyrophares. Je sors pour discuter avec deux agents de police. Un voisin les a appelés, inquiet de ce qui se trame dans les bois. Nous n’avons pas le droit de dormir là, c’est privé. J’explique la situation. L’agente la comprend et elle est bien embêtée. En effet, non seulement les enfants dorment déjà, mais si nous décampons, où allons-nous pouvoir dormir ? Nous nous retrouverons dans la même situation. Elle s’arrange avec son chef par radio et nous pouvons rester. Si jamais ils sont appelés à nouveau, il nous faudra partir et payer une amende.
Lumière du matin
Lever à 5h30. Pas question de traîner ! Les enfants demandent plein de détails sur la scène de cette nuit qu’ils ont loupée. Nous partons avant le lever du soleil. Quel plaisir de rouler à l’aube dans le calme. Nous arrivons à Ormož pour le petit déjeuner. Nous nous demandons pourquoi nous avions relevé cette ville, qui nous l’avait indiquée. Nous ne lui trouvons pas vraiment de charme et ne nous y sentons pas spécialement bien. Nous finissons tout de même par trouver un endroit où nous pouvons prendre notre petit déjeuner.
La route est légèrement vallonnée, nous sommes sur un plateau. Et voilà que nous en dégringolons pour arriver dans la plaine de la Mora. Nous passons la rivière et arrivons en Prekmurje. Littéralement “après la Mora” d’après ceux qui nous en ont parlé. C’est la tête de la poule !
Oui, la Slovénie a une forme de poule (si, si). La Mora, c’est la rivière qui traverse le cou, et la tête c’est une plaine agricole qui est notre objectif depuis que nous sommes partis de la côte adriatique. Nous devrions être demain ou après-demain en Hongrie. Nous avons comme rituel de manger au restaurant avant de quitter un pays, nous visons donc cette auberge toute proche.
Fermée. Changement de propriétaire. Mais l’ancienne patronne vit toujours là et nous invite à planter la tente dans son jardin. Parfait. Les enfants jouent avec le petit chien, se font offrir quelques boissons et friandises, nous des œufs. Nous dormons paisiblement.
