Celje

Écran total

Écrit par Marc le .

La descente du col reprend ce matin. La route est magnifique. Nous nous régalons de ces alpages et de cette vallée paisible et bucolique. Le soleil vient nous réchauffer entre les oreilles et le vent frais nous émoustille le nez. Ça souffle une peu sérieux ce matin

Puis le vent se met dans notre dos alors que la pente s’adoucit. Nous avançons vite.

Et revoilà les champs de houblons que nous avons déjà croisés, mais cette fois, ils sont coupés.

Grand séchage

À midi, nous trouvons un parc de jeux que les enfants envahissent dare-dare. Ils ne sont pas si courants en Slovénie, ces parcs, alors nous en profitons ! Le vent, le soleil, j’étends tout ce qui est humide en dressant notre corde à linge en fin de tyrolienne. Et nous préparons le repas.

Au bout de quelques temps, un groupe d’écoliers sort accompagné de leur maître. En Slovénie, les enfants ont école le matin. L’après-midi est réservé aux activités périscolaires. Jeux, sport, musique, etc. Certains enfants sont intrigués par notre présence et posent des questions, alors Estelle discute avec eux et leur maître pendant que je range la tente et les affaires qui sont sèches. Nous comprenons que le maître est plutôt un encadrant pour le temps de l’après-midi, et chose amusante, il habite Oplotnica, comme Miran et Marta chez qui nous avons passé plus de 10 jours.

Sous haute tension

Dans un village près de Žalec, nous demandons à des habitants où nous pourrions dormir. Ils nous indiquent un terrain leur appartenant à quelques kilomètres, parfait. Nous y allons, mais nous trompons de chemin. Nous demandons notre route et Tomaz et Simona nous disent que nous pouvons très bien dormir là. Là, c’est leur chalet de week-end, leur jardin. Une grande parcelle de vigne clôturée, un verger, un chalet et une vue sur la vallée et les montagnes au loin. Ils nous offrent du cidre fait maison, quelques friandises pour les enfants, des grignotes pour l’apéro, nous rétorquons en sortant le schnaps de Dragan !

Des champignons tout fraîchement ramassés sont sur la table. Je reconnais des armillaires toutes jeunes. Oui, Richard, ça se mange vraiment tout jeune les armillaires couleur de miel (je lui dit, parce qu’il ne sait pas et qu’il lit sans doute ces lignes).

Notre tente est dressée dans le clos de la vigne sous les lignes haute-tension. Le vent est très fort et je ne parviendrai pas à faire cuire correctement mes galettes ce soir.

Celje

Le lendemain, nous prenons la route de Celje. Nous n’avions pas vu la ville en août car il faisait trop chaud. Nous visons aujourd’hui la bibliothèque. Cela permettra de faire un beau temps d’étude pour les enfants, de bouquiner, de recharger les batteries des appareils électriques et de travailler un peu.

J’ai une autre mission. L’écran de mon smartphone s’est décollé il y a deux jours. C’est vrai que je lui fait vivre de drôles d’aventures ! Il doit supporter la pluie parfois lorsque je prends trop de temps pour le ranger. Et ça arrive un peu trop souvent. La colle a dû perdre en adhérence et j’ai maintenant deux élastiques qui le maintiennent en place.

Trouver un réparateur de smartphones dans cette grande ville apparaît plus compliqué que prévu. Ça n’a pas l’air si courant ici. Mais je finis par trouver une échoppe avec un de ces super-héros qui sauvent chaque jour la vie de nombreuses personnes.

La pause numérique

Oui, je considère que les réparateurs de smartphones devraient être remboursés par la sécurité sociale. Les services publiques sont de plus en plus numérisés, sans qu’on ne sache d’ailleurs qui a décidé ça et si c’est une bonne idée. Nos smartphones sont des outils où nous centralisons de plus en plus d’informations capitales. Lorsqu’ils sont cassés, c’est la panique. Avons-nous le choix de faire autrement ? Oui et non. Oui, car c’est possible, non car cela relève dorénavant d’un acte de resistance à l’ordre établi ou alors, cela nous met en position de déclassement.

Aussi, ces petites boutiques avec des gens très débrouillards et agiles qui réparent nos joujoux électroniques sont des endroits tout à fait capitaux dans nos vies, mais elles sont souvent peu mises en valeur. Pour rappel (ou pas), le plus gros de l’empreinte environnementale d’un smartphone se joue à la fabrication (notamment extraction et raffinage des 50 métaux nécessaires à sa fabrication). Il faut donc tout faire pour faire durer nos smartphones le plus longtemps possible et éviter qu’il s’en fabrique de nouveaux !

Je vous recommande chaudement l’écoute de Nicolas Nova sur le sujet de ces petites boutiques (sur Techologie ou avec Xavier de La Porte).

Mon super-héros du jour n’avait jamais vu de Fairphone, la seule marque de smartphone qui fait vraiment de l’écoconception et qui prend des engagements environnementaux et sociaux très sérieux. Il le répare tout de même et ne me fait même pas payer. Super super-héros.

À cheval

La piste cyclable qui nous fait quitter Celje passe par une énorme zone industrielle. La métallurgie est à portée de main. Les enfants sont impressionnés par les machines et les amoncellements de métaux. Des vestiges de locomotives ou d’autres inventions impressionnantes ponctuent le chemin.

Nous arrivons dans une ferme où un vieux nous accueille en slovène et nous prête son pré à chevaux pour la nuit. Il a les yeux pétillants et offre des pommes aux enfants qui sont ravis d’aller voir les chevaux ou de jouer avec le chien.