Col décolle

Écrit par Marc le .

Nous avons dormi dans un lit certes, mais cela ne nous empêche pas de mettre beaucoup trop de temps à partir de Chez Darja et Dragan. Nous reprenons une route que nous avons déjà prise deux mois auparavant. Nous suivons une calèche quelques temps et arrivons à Kamnik. De là, nous partons sur un itinéraire que nous ne connaissons pas. Léon est très fatigué. C’est vrai qu’il donne beaucoup, il pédale tout seul et est bien chargé. Nous nous arrêtons dans les bois pour manger, à l’écart de la circulation qui nous épuise. C’est beau.

Convoi exceptionnel

Léon a besoin d’aide. Il demande à être tracté par son papa. Nous mettons donc en place le convoi exceptionnel papa + Lucie + Léon. C’est que cette étape va monter de plus en plus. Pour l’instant c’est assez tranquille, mais le col qui nous attend s’annonce bien difficile selon l’application de guidage. La circulation s’apaise et le paysage devient de plus en plus beau. J’appréhende les deux kilomètres finaux. Jusque là, tout va bien.

Plus on avance, plus je suis tendu. J’anticipe la difficulté. Lucie ne porte pas son poids lorsqu’elle est en tandem avec moi, cela signifie que je dois pédaler pour elle un peu. Et là, Léon en plus, ça s’annonce difficile.

Nous arrivons sur le dernier tronçon, le plus pentu. Estelle est déjà devant. Je suis vraiment tendu. Je suis déjà fatigué et le plus dur est devant nous. Je mange quelques fruits secs, les partage avec les enfants. Et nous nous lançons. Nous démarrons.

Ça avance et nous voyons le panneau annonçant du 13%. 13%, pour nous, c’est énorme. Bien plus que ce que nous sommes capables de monter en pédalant. Notre référentiel, c’est Passo Tonale et là c’est le double !

Estelle est bien devant nous. Nous ne la voyons plus. Je m’énerve sur les enfants. Et puis d’un coup, je lâche. Je me dis qu’on a le temps. Je reçois un sms d’Estelle qui dit que ce n’est pas si difficile et qu’elle va venir nous aider. Je doute. Mais petit à petit, je me détends et je mets en place la technique du 50 mètres / 15 secondes. On avance 50 mètres, on s’arrête 15 secondes.

Et mine de rien, on avance carrément. Nous rigolons bien en voyant Estelle devant nous mais pas si loin. Elle avait cru que la côté était finie au tout début de la côte. Nous arrivons en même temps qu’elle en définitive, mais nous avons réussi. Ensemble, tranquillement, en se coordonnant et en faisant de petites étapes. Nous n’avons même pas poussé les vélos. Nous sommes fiers de nous.

Dodo

La vue depuis le col est magnifique. Dragan nous a conseillé cet itinéraire et nous le remercions intérieurement. Le soleil descend tranquillement et donne au paysage des couleurs de soirée d’automne.

Nous entamons la descente pour trouver un endroit où dormir. Elle descend aussi raide qu’elle montait. Estelle nous a annoncé une distance à parcourir. Nous parcourons. Voilà une maison devant laquelle nous nous arrêtons. Huit secondes plus tard, une moto s’arrête et la motarde nous questionne avec des yeux étonnés et émerveillés. Nous jubilons intérieurement, fascinés encore par le RadarABonnesAdresses® et voyons passer un papa et son fiston en vélo qui grimpent vers le col, bon courage à eux.

La motarde est très enthousiaste, elle vient visiter une amie qui sort et participe à la discussion. Nous finissons par leur dire que nous cherchons un endroit pour poser notre tente. Et là, nous comprenons rapidement que ce n’est pas la bonne adresse. Nous concluons dans la bonne humeur et remontons sur nos montures. Aïe, voilà un évènement qui perturbe nos plans et vient semer du doute.

Au moment de repartir, nous revoyons passer le papa et son fiston, ils ont fini leur balade à vélo. Nous les suivons de près. Ils s’arrêtent à une maison. Nous les y suivons. Comment dit-on pouvons-nous poser la tente chez vous en slovène ? Je ne sais toujours pas, mais je le demande quand même et c’est oui !

L’indication qu’Estelle a reçue nous permettait-elle simplement de patienter que le papa et son fiston rentrent ? Ça, ce serait balèze, d’autant que nous avons eu grand plaisir à discuter avec cette motarde et ça semblait lui faire plaisir également.

Le fiston viendra même nous apporter des crêpes avec sa maman. Très peu de mots échangés, la barrière de la langue, mais beaucoup de gratitude.