Radar dur

Nuit au camping

Écrit par Estelle, Marc le .

Ce matin, petites douceurs provenant de la boulangerie de Kanal, une boulangerie artisanale dont les produits nous donnent envie. Eh oui, ce n’est pas si courant, nous qui sommes amateurs de pains aux farines complètes et variées, nous fréquentons peu les boulangeries slovènes qui vendent majoritairement des pains très blancs. Alors, la boulangerie de Kanal, nous recommandons !

Nous reprenons l’itinéraire cyclable qui est bien vallonné. Ah non. Il est très vallonné. Ah mais en fait, ça devient un chemin ET fortement vallonné. Saperlipopette, ce n’est pas pour les vélos ce chemin ! Nous sommes dans un sentier pour marcheurs expérimentés avec des pentes et montées allant de 15 % à plus et devons pousser nos vélos à deux tout en évitant de se casser une cheville. Mais nous y arrivons et c’est très joli.

Radar cassé ?

Lorsque nous sortons de là, il est l’heure de trouver un endroit. Mon regard se tourne vers Estelle pour voir si son radar fonctionne. Mais après une grosse journée harassante de vélo, ce n’est pas forcément évident… Les émotions, les projections, les attentes, tout ça vient perturber nos états intérieurs et nous n’avons pas d’autre endroit calme et chaleureux qu’en nous-même pour nous aider a retrouver un état de paix.

Ce qu’elle perçoit nous fait douter mais nous nous rendons à la maison qu’elle indique. Nous y voyons des artisans. Celui qui parle anglais nous indique le camping à quelques kilomètres. Zut, nous nous serions bien arrêtés de pédaler, vue la difficile journée.

Nous tentons plus loin, même réponse. Nous croisons un automobiliste, même réponse. Au café, idem. Nous savons que dans les endroits très touristiques, il est plus difficile de trouver à planter la tente dans un jardin et nous sommes vraiment fatigués, de plus la pluie pointe son nez. Ce sera camping ce soir. Finalement nous aurions perdu moins de temps à faire confiance à l’indication donnée dès la première maison…

Au bûcher !

Ça sonne un peu magique cette histoire de radar, et nous-mêmes doutons parfois. Hasards ? Les demandes seraient-elles également couronnées de succès sans indications ? Ça marche à chaque fois ?

Parfois, ça ne marche pas comme on s’y attend. Eh oui, car nous autres aimons beaucoup projeter.
Nous projetons nos envies sur ces demandes, et la réponse qui nous est faite nous envoie totalement ailleurs (typiquement le camping de ce soir alors qu’on aurait aimé dormir dans une maison douillette avec un feu de cheminée et un verre de vin slovène en discutant de l’empreinte environnementale du numérique avec des hôtes béats d’admiration devant notre voyage et qui veulent absolument nous subventionner tellement on est sympa, en toute simplicité).

Et lorsque nous nous ne réussissons pas à faire suffisamment d’espace en nous pour nous laisser guider ? Nous avons bien plus de refus et bien moins de rencontres ou bien c’est moins direct. Bien-sur nous n’avons pas d’outils statistique pour le valider. On est dans l’ordre de la foi. Et c’est très déstabilisant pour nos esprits biberonnés à la rationalité. En tout cas, majoritairement, nous sommes reconnaissants et fascinés par ce qui se passe lorsque nous réussissons à nous laisser guider pleinement.

Nous cherchons, nous explorons, nous essayons de garder nos esprits réellement ouverts, même si nous ne comprenons pas tout. Ce n’est pas rationnel ? Peut-être n’est-ce tout simplement pas encore rationnel. L’intrication, la superposition des états ou d’autres principes de physique quantique nous donnent à penser. Alors, nous essayons d’être sceptiques le plus sincèrement possible et les plus sincèrement ouverts. Nous avons beaucoup évolué à ce sujet ces dernières années avec l’expérience et notre positionnement actuel est : “Pourquoi pas ?”

Si le cœur et le cerveau disent la même chose, c’est un bon début. S’il y a ce sentiment de cohérence en nous, si ça sonne juste, c’est bon signe. Nous avons un outil considérable et parfaitement biodégradable à notre disposition et ce n’est pas un luxe que de réapprendre à s’en servir pleinement. C’est une nécessité.