Ce matin, nous allons voir Mateja pour le petit café proposé la veille. La discussion est passionnante et nous avons du mal à la quitter. Cette femme, restauratrice de meubles anciens et de fresques, est aussi une voyageuse. Elle est généreuse et engagée. Elle apprécie fortement notre démarche et nous l’emportons un peu dans nos bagages.
Pizza du tonnerre
La route du jour nous mène vers Škocjan, lieu d’une autre grotte fameuse. En fin de journée, Estelle et moi sommes bien fatigués et sommes impatients de trouver un emplacement pour la nuit. J’avais repéré des lieux potentiels qui s’avèrent infructueux. Estelle avait repéré une petite église isolée à quelques kilomètres de notre objectif. Nous l’atteignons. Une voiture est là. Un homme en sort. Nous entamons la discussion.
Matija est emballé par notre projet et nous aide à trouver un lieu pour poser la tente. Nous nous installons dans un pré. Je vais chercher de l’eau au petit hameau tout proche. Pendant ce temps, il va chercher des pizzas qu’il nous offre avec joie. Les meilleurs du coin parait-il !
Les discussions sont passionnantes et se poursuivent dans la soirée.
La nuit, l’orage gronde. Et il gronde tout proche, nous sentons le sol trembler. Les pluies sont très fortes, bien plus qu’à l’accoutumée. La tente tient le coup et nous sommes au sec.
Grotte à l’eau
Au matin, nous devons plier rapidement car nous avons réservé pour la visite de 10h de la grotte de Škocjan. Mais il pleut vraiment beaucoup. Impossible d’attendre plus, nous devons y aller. J’ai l’impression de plier sous une douche, en quelques secondes, la tente est totalement trempée, le sac qui la contient pèse bien plus lourd que d’habitude et ma veste de pluie ne joue plus complètement son rôle protecteur.
Nous arrivons bien à l’heure sur le lieu de la grotte. Nous sommes à l’abris et pouvons nous changer avec des vêtements secs.
La visite est subjuguante. Les concrétions de calcite sont magnifiques, stalactites, stalagmites, orgues (sur lesquelles sont venus jouer de nombreux musiciens manifestement, en tapant sur les tubes de calcite, une note est émise, différente pour chaque tube), voilages, colonnes, gours, tout est sublime et exubérant. La guide va trop vite et le groupe est trop grand pour que nous comprenions ce qu’elle raconte, nous aurions juste envie de rester là des heures à admirer ces merveilles.
Arrivés en milieu de visite, elle nous explique cependant que tout ce que l’on vient de voir n’est pas ce pourquoi la grotte est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous arrivons en effet au niveau du plus grand canyon souterrain d’Europe où rugit une rivière déchaînée.
L’itinéraire de visite est creusé à même la roche, un long chemin de béton serpentant entre les parois et les concrétions ou dominant la rivière. Un tunnel d’entrée a été creusé pour permettre au public d’accéder en toute sécurité à la grotte. On est loin de l’objectif de conservation de Križna jama. Nous apercevons les restes d’installations utilisées par les précédentes explorations… bien contents malgré tout de suivre le nouvel itinéraire un poil plus sécurisé.
Tout faire sécher
Lorsque nous sortons de la grotte, il pleut toujours. Et il pleut fort. Nous apprendrons plus tard que cette pluie, c’est la dépression Boris qui a inondé la Roumanie ou la Pologne un peu plus tard. Mais ici, la pluie passe et nous pouvons envisager de reprendre nos vélos pour trouver un endroit sec afin de faire tout sécher.
Un petit message à Matija et nous savons où nous allons pouvoir dormir ce soir ! Il nous indique une auberge de jeunesse tenue par une très bonne amie et nous y sommes attendus. Nous y resterons deux nuits et y rencontrerons des grimpeurs polonais, états-uniens ou tchèques. Le coin est en effet truffé de falaises propices à l’escalade. Nous en profitons pour prendre des infos sur les pays que nous visiterons peut-être ultérieurement.
Nous rencontrons notamment David dont le métier est de torturer les gens en leur faisant des massages des fascias. C’est extrêmement douloureux mais une fois la douleur passée, on se sent tout léger !
Nous profitons d’être à l’abris et d’avoir une cuisine pour faire cuisiner des plats au four… Le grand luxe.