Petit déj royal ce matin. Anka et Boni nous soignent. Boni veut même nous faire goûter son schnaps au miel. Ok, on aime bien le schnaps, mais au réveil, on n’est pas habitué. On y trempera quand même les lèvres, il est excellent.
Quelques grands coucous plus tard, nous sommes au pied de la petite côte qui nous attend ce matin. La route nous entraîne dans une campagne vallonnée entre champs, prés et bois. Les demeures sont belles d’une ruralité simple. Les fameux kozolec sont ouvragés et bien entretenus.
Le soir approchant, nous visons un village qui nous semble convenir pour trouver un lieu de bivouac. En arrivant, nous entendons au loin de la musique folklorique. Une grande tablée en contrebas sous des barnums, des buvettes éphémères, des gens attablés et discutant joyeusement. Jusque-là, tout ressemble à ce qui se passe chez nous… Une scène est dressée avec le groupe qui joue. La scène se situe pile sur le pont qui fait frontière avec la Croatie. Ça, ce n’est pas commun. Nous nous approchons encore et discutons avec le premier gilet jaune croisé. C’est pour fêter l’amitié entre les deux villages qui se trouvent de part et d’autre de la frontière. Vous pouvez aller boire une bière et manger des saucisses, les saucisses sont gratuites. PARDON ?
Joža, puisque c’est lui qui porte le gilet jaune, nous a accueilli avec la seule phrase qu’il maîtrise en français : “Je voudrais acheter quelque chose”. Il nous invite à planter la tente dans son jardin à quelques centaines de mètres de là. Il partage la ferme de ses parents retraités. Demain, lui, sa compagne Nena et leurs enfants reprennent l’école. Ça n’empêche pas Joža d’être de la fête et de venir papoter avec nous. Il est prof de philo et d’informatique. Nous avons forcément des choses à nous raconter.
Barbelés
La fête est vraiment fort sympathique et nous nous régalons de voir ainsi louée l’amitié entre deux villages si proches. Mais ces villages sont tout de même séparés par une rivière et la rivière est bordée par une haute clôture couronnée par des barbelés. C’est assez frappant et troublant. Voilà 8 ou 10 ans qu’elle a été dressée, nous dit Joža, pour réduire l’afflux des migrants.
C’est vrai que la Croatie ne fait partie de l’espace Schengen et de la zone euro que depuis 2023. Joža nous indique la colline qui domine sa maison en nous disant qu’il y a un poste de police des frontières équipé de visée infrarouge et qu’ils peuvent voir bouger les oreilles d’un lapin sur toute la frontière.
Il nous dira aussi que cette clôture les empêchait d’accéder à la rivière. Les vaches ne pouvaient plus aller y boire ! Alors, ils l’ont ouverte. La police est revenue la fermer. Alors ils ont ouvert à un autre endroit, etc. Nous pouvons en effet voir la clôture ouverte à quelques dizaines de mètres et le sourire espiègle de Joža qui nous resserre un petit verre de vin local.
Excursion croate
Un dernier petit coucou matinal à la famille qui reprend l’école. Les parents de Joža nous préparent un petit-déjeuner de luxe. Décidément… Et nous voilà à nouveau sur les routes. Nous avons décidé de passer en Croatie sur une partie de l’itinéraire pour éviter une grosse côte. Du coup voilà, c’est bon, on peut dire qu’on a fait la Croatie. Je suis toujours gêné quand j’entends cette expression “on a fait [ici le pays de votre choix]”.
Le retour en Slovénie se fait assez rapidement et sous une chaleur accablante. On nous a déconseillé de nous baigner dans la rivière frontière, fortement polluée. On nous déconseille aussi de dormir dans la forêt, il paraît qu’y passent des migrants, alors, la police est très présente avec hélicoptères et compagnie. Mais on nous conseille un petit resto de plage le long de la rivière Krka. Nous poussons jusque là et nous ne le regrettons pas !
