Nous avons aimé notre entrée dans ce petit pays alpin. Nous y ressentons pour le moment beaucoup de calme, de tranquillité et un accueil incroyablement généreux. Petit à petit, nous apprivoisons cette nouvelle culture, ses codes, son histoire et sa langue. La Slovénie est bordée par l’Italie, l’Autriche, la Hongrie et la Croatie. Cette proximité multi-culturelle lui offre d’être un pays culturellement très riche.
Avec sa bande d’une quarantaine de kms longeant la mer adriatique, elle combine sur son sol et malgré sa petite taille, campagne, villes, montagnes, mer et rivières. Dans les Alpes juliennes y domine son point culminant à 2864 mètres d’altitude : le Triglav.
Ici nous sommes étonnés de voir à quel point une grande partie des slovènes, des enfants aux adultes, est bilingue. L’anglais est parfaitement maîtrisé et chez les plus anciens l’allemand est encore bien présent. Les enfants apprennent tôt l’anglais et regardent et écoutent beaucoup de programmes en anglais.
C’est aussi un pays encore très agricole. Partout nous croisons des exploitations, à taille humaine pour la très grande majorité, y compris tout proche des villes. Dans les distributeurs automatiques nous trouvons beaucoup de produits issus des fermes environnantes : légumes, produits laitiers, charcuteries… Cette ruralité est très agréable à vivre et à traverser.
Cela nous permet également de nous connecter encore plus à ce territoire et à l’environnement dans lequel nous évoluons jour après jour sur nos vélos. Nous y observons notamment les kozolec qui sont nombreux et plutôt simples dans le Nord-Est du pays alors qu’à l’Ouest ils sont plus complexes (où il n’en reste plus de ce type…) et sont nommés toplar. Ce sont de véritables ouvrages permacoles. Ils associent utilité et esthétisme. Ils servent notamment à sécher et conserver le foin ainsi qu’abriter du matériel agricole ou autre. Les ouvertures que l’on observe et qui sont la représentation de la créativité des auteurs, servent à permettre aux chouettes de venir nicher afin que la population de rongeurs ne grandisse pas trop pour ne pas mettre à mal ce qui est entreposé. Ces structures font intégralement partie du patrimoine culturel du pays.
Un peu d’histoire
A partir du XIème siècle, la germanisation fut assez forte sur tout le territoire slovène. Il sera sous la gouvernance germanique jusqu’en 1918, époque où l’empire Austro-hongrois va affronter l’Italie lors de la première guerre mondiale. Les combats s’arrêteront après la bataille de Caporetto (Kobarid) en 1917. La même année, à l’occasion du pacte de Corfou, germe l’idée d’un État qui rassemblerait les slaves du sud. En définitive c’est la chute de l’empire Austro-hongrois qui accélère la naissance du royaume des serbes, croates et slovènes qui est proclamé le 1er décembre 1918 et qui deviendra le royaume de Yougoslavie en 1929.
La Slovénie a donc fait partie de la Yougoslavie dès sa fondation. Cet état regroupait la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Serbie, la Macédoine du nord et le Kosovo. Pendant la seconde guerre mondiale, la Yougoslavie restera neutre jusqu’en 1941, année où le régent du royaume signe un pacte qui la liera aux puissances de l’Axe, et donc à l’Allemagne. De nombreuses manifestations d’opposition éclateront alors sur tout le territoire jusqu’au coup d’État mené par des généraux favorables aux alliés. En réponse, l’Allemagne envahira la Yougoslavie qui capitulera la même année et le territoire slovène se retrouvera morcelé entre Italie, Allemagne et Hongrie. Une guerre de résistance verra le jour et aboutira à la reconstitution de la Yougoslavie en 1945 à travers la création de la république fédérale socialiste de Yougoslavie.
Après cette guerre, lorsque la guerre froide débute, la République fédérative socialiste de Yougoslavie dont elle fait partie fonde avec d’autres le mouvement des non-alignés. Organisation internationale regroupant les États se définissant comme n’étant alignés ni avec, ni contre le bloc de l’Est ou celui de l’Ouest. Elle sera la première république à faire sécession de la Yougoslavie en devenant un État souverain indépendant. A la mort de Tito en 1980, avec les difficultés économiques rencontrées par le pays et les désaccords qui se font de plus en plus dense avec le parti communiste de Serbie, la volonté de démocratie des slovènes croit et en 1990 est organisé un referendum qui note 89% des voix pour l’indépendance de la Slovénie. L’indépendance de la république de Slovénie est proclamée en 1991. S’ensuit une courte contrée militaire qui ne durera que 10 jours et se clôturera par l’accord de Brioni. La Slovénie devient, par sa nouvelle constitution, une république parlementaire. Son drapeau change mais conserve ses couleurs avec un nouveau blason représentant le mont Triglav.
Et aujourd’hui
Lorsque les gens nous accueillent chez eux nous parlons beaucoup de l’histoire du pays. Nous évoquons aussi l’évolution de ces dernières années… Si le niveau de vie des slovènes a augmenté en même temps que la richesse du pays et que le tourisme, ce n’est visiblement pas le cas des pays voisins notamment la toute proche Croatie qui bien que plus touristique n’a pas revu les revenus des croates à la hausse.
Ce pays est vraiment très attachant et nous nous y sentons vraiment très bien. Les rencontres sont un régal et la générosité des partages est particulièrement enrichissante et nourrissante. Il y a ici une évidence de la relation à l’autre. Nous pensons parfois à tort que les gens se connaissent tant la conversation semble amicale et évidente puis nous comprenons que non ils ne se connaissaient pas. Qu’importe. Les cœurs sont ouverts et les slovènes y compris les plus jeunes semblent attachés à leurs pays et leur culture.
Nous sommes loin de quitter ce pays et l’on se réjouit de pouvoir encore un peu le laisser déposer en nos cœurs toute sa saveur et ses couleurs. Déjà sa sonorité s’installe, pour quelques bases d’échanges comme une nouvelle ouverture vers d’autres possibles