Chantons sous l'auvent

Au son des canons de muscat

Écrit par Marc le .

Nous partons, une fois de plus, riches d’une belle rencontre, mais nous emportons également dans nos bagages des tomates, des prunes et du schnaps. Sans doute que les tomates et les prunes seront consommées plus vite que la bouteille de gnôle.

Nous avançons tranquillement vers Kamnik qui n’est pas très loin. La jolie petite ville est paisible et nous y marchons avec plaisir. Il fait très chaud. Nous préférons partir pour manger en bord de rivière. Seulement quelques kilomètres nous séparent d’un point carrefour. Un cycliste nous a conseillé d’aller voir la source de Kamniska Bistrica et notre itinéraire tourne juste avant. L’idéal serait de trouver un endroit où poser la tente deux nuits de suite, d’aller demain voir la rivière en question et après-demain de reprendre l’itinéraire prévu.

Mais pour l’heure, c’est repas. Nous préparons, commençons à manger. Nous sommes à côté de prés qui seraient parfait pour poser la tente, reste à en trouver les propriétaires. Une voiture arrive, un salut éclair, et passe devant nous pour s’arrêter devant une maison proche. J’y vais.

Journée porte ouverte

À peine me présenté-je à Lojze qu’il me propose de rentrer pour boire un café ou une bière. Je lui explique notre situation et lui demande s’il est possible de planter la tente dans le pré, il me montre son jardin. Nous dormirons là. Mais il doit absolument me laisser car Janja Garnbret, la grimpeuse slovène est sur le point de concourir pour la médaille d’or. Il y a des priorités quand même. Les enfants sont déjà dans la piscine et pendant que je déplace les affaires, j’entends les cris de joie annonçant que nous allons passer une bonne fin de journée. Estelle qui était au téléphone arrive enfin et découvre que nous avons trouvé un endroit parfait pour nous pour les deux nuits à venir.

Lojze et Jana sont retraités et nous chouchoutent. Ils ont traversé la Slovénie à pieds et sont allés marcher au Népal.
Ce soir, c’est potage et crêpes. Et c’est très bon.
Et c’est aussi grandes discussions sur la vie autour d’un verre de vin. Je suis dans mon élément, là.

Le fond de l’eau est frais

Le lendemain, nous roulons allégés vers la source de la jolie rivière qui passe au pied de la maison. Il y a pas mal de monde, la source est très fraîche et des slovènes, essentiellement de jeunes hommes musclés, viennent s’y immerger et rester plusieurs minutes. J’y vais sans trop de problème, mais ne reste pas du tout. Le froid mord mes pieds. Les enfants iront aussi.

Nous allons voir le pavillon de chasse du camarade Tito et sa vue imprenable sur les montagnes qui nous dominent. Nous nous régalons également de l’ambiance du café tout proche où le décor en l’honneur de Tito donne au lieu un certain cachet. La nostalgie sent ici la friture.

Nous irons ensuite jusqu’aux gorges, un canyon de 40 mètres spectaculaire. Nous sommes fascinés.

45 ans

Nous prenons tout notre temps car aujourd’hui est l’anniversaire de mariage de nos hôtes. Nous ramassons un beau caillou et y inscrivons un message en leur honneur. La descente va plus vite que la montée et nous arrivons pile poil pour passer une bonne soirée avec eux. Nous en profitons pour suivre un master class de Jana sur la broderie. Elle l’enseigne dans le coin. Elle fait des choses admirables avec quelques bobines et du fil. C’est sa méditation, nous dit-elle. Nous nous y essayons brièvement. Elle nous ouvre son atelier et partage sa passion pour le patrimoine slovène avec beaucoup de cœur.

Une fois les enfants couchés, nous fêterons dignement l’anniversaire au “champagne” slovène. Les vins slovènes nous régalent. Et le crémant est très fin. Riesling, chardonnay, muscats et d’autres cépages que je ne connais pas font les assemblages qui régalent nos papilles. Jana et Lojze ne boivent pas trop de rouge, nous attendrons donc pour y goûter, mais les blancs sont vraiment très bons.

Bonum vinum laetificat chor ominis

Boum, le jeu de mot en langue morte ! Ces vins sont accompagnés de chansons. Lojze fait partie du plus vieux chœur d’hommes de Slovénie. Il a fêté ses 150 ans l’an dernier. Alors nous sortons notre ukulele et chantons quelques chansons de temps en temps. C’est un plaisir de pouvoir partager cela. Au moment de se quitter, Lojze m’offrira une partition qu’il chante avec son chœur : Quand il est mort le poète de Gilbert Bécaud, en français et en slovène. Bien sûr que nous allons la reprendre !