Nous décidons de ne pas aller à Ljubljana. L’ambiance est trop électrique entre les enfants. Ça part au quart de tour et ça nous demande une attention de tous les instants pour simplement que ça n’explose pas. Alors nous retrouver dans une grande ville avec un grand soleil et trop de touristes…
Estelle me parle depuis que nous sommes arrivés en Slovénie de parcourir une spirale autour de la capitale comme pour poursuivre l’exploration de notre for intérieur. C’est ce que lui inspire ce territoire. Soyons honnêtes, je trouve l’idée complètement loufoque mais je hoche la tête gentiment avec les yeux légèrement plissés pour avoir l’air de dire que c’est super intéressant. Mais soyons honnêtes encore un peu, quand je suis les idées loufoques d’Estelle, je trouve in fine qu’elles sont super bonnes. Quand je fais taire un peu mon cynisme et que je me laisse aller à explorer, à tester, je vis des choses inattendues et souvent fortes. Alors je me lance dans la confection d’une pseudo-spirale sur la carte qui, en suivant les vallées, nous fait prendre la tangente de la capitale.
Piscine naturelle
Quelques kilomètres après notre départ, nous tombons d’un coup sur une sorte de piscine naturelle alimentée par une source. Au milieu de nulle-part, entourée par les champs de maïs et les bosquets, des gens sont là, en maillot de bain, assis sur des bancs, nageant tranquillement ou discutant entre eux. Nous arrêtons directement nos vélos et suivons leur exemple pour un moment fort agréable.
Puis nous poursuivons notre route vers Kamnik, au nord de Ljubljana. Je vise un point en bord de rivière qui me semble propice. Plusieurs personnes nous ont indiqué que nous trouverons un endroit pour poser la tente et que malgré l’interdiction, pour une nuit, c’est toléré. Arrivés là, nous rencontrons Matic, un jeune homme fort sympathique qui profite de la rivière et de la tranquillité de l’endroit dans son plus simple appareil avant notre arrivée. Il nous indiquera plusieurs endroits où nous pourrions nous installer. Mais aucun ne nous convient vraiment… Nous continuons donc notre recherche.
Radar
Estelle branche son radar à bonnes adresses et nous la suivons docilement.
Oui, voilà plusieurs articles que je parle du radar à bonnes adresses d’Estelle. Lorsque nous tardons à trouver un endroit, elle ouvre son cœur et son esprit, comme lorsqu’elle travaille, en émettant l’intention de trouver l’endroit propice pour nous accueillir. Elle est alors comme guidée, elle perçoit des indications ou est d’un coup attirée par une rue, une maison, ou bien obnubilée par un détail.
Ce coup-ci, elle nous fait nous éloigner de la rivière et nous avons l’impression de nous retrouver en pleine campagne lorsque nous bifurquons un tout petit peu. Elle s’arrête devant une maison ; “c’est ici” ; et nous abordons le jeune couple qui s’y trouve. Le jeune homme va voir sa mère qui sort et nous dit que bien sûr nous allons dormir ici, et prenez quelque chose à boire, et asseyez-vous et choisissez l’endroit qui vous convient et voilà la douche, et les toilettes et vous êtes sûrs que vous ne voulez pas dormir sur des lits et vous voulez boire une bière… bref Darja et Dragan nous accueillent comme des vieux amis. Et les discussions qui s’attardent un peu dans la soirée nous font le ressentir à nouveau, oui, nous sommes comme des vieux amis.
Radio
Ivo, le frère de Dragan habite juste à côté. En arrivant, j’ai tout de suite repéré l’immense antenne qui trône au-dessus de sa maison et y ai reconnu le fief d’un radio-amateur. C’est en effet sa passion depuis ses 15 ans. Il a commencé par faire partie du club local et a fabriqué son matériel de ses propres mains avec son fer à souder. Il participe à des concours internationaux et en gagne certains. Il communique avec des coreligionnaires de partout dans le monde. Nous abordons très rapidement l’aspect résilience de ce moyen de communication. Lorsque les réseaux internet ou de téléphonie mobiles sont hors service, la radio est le moyen le plus simple et le plus sûr pour communiquer à distance. C’est ce qui s’est passé lors de la guerre de Bosnie où sa maison est devenue une cabine téléphonique pour pas mal de monde. L’armée est tout à fait consciente ce cet aspect, et les radio-amateurs sont bien connus des services. Aussi, Ivo est réserviste comme de nombreux autres de ses camarades.
Entre l’antenne radio et le schnaps fait maison que nous fait goûter Dragan, je m’amuse à repenser à l’album de Spirou et Fantasio QRN sur Bretzelbourg