…mais l’itinéraire que nous suivons n’est pas de cet avis. La suite de la route est vraiment trop dure. Léon n’en peux plus mais veut poursuivre pour atteindre le lac de Valdaora. Marc est épuisé et de mon côté je sens que je ne vais pas pouvoir rouler plus de quelques kms et encore au prix d’un grand effort. Alors Valdaora à 17 kms de montées est juste impossible. Après un virage Léon voyant que la montée se poursuit sent également que ce n’est plus possible. Lucie veut s’arrêter aussi, elle se sent épuisée. La tension accumulée dans les lieux par lesquels nous sommes passés semble d’un seul coup chercher une issue pour s’exprimer. Et le ton monte. Cette montée n’en finit plus, il n’y a pas un seul endroit pour poser la tente et nous n’en pouvons plus… Les nerfs lâchent.
Arrivés en haut, nous reprenons calmement les choses. Les enfants ont besoin de sentir que nous sommes là et qu’ils peuvent s’appuyer sur nous. On remet des mots plus justes. Je leur rappelle notre sentiment sur les lieux que nous avons traversés et comment cela peut venir nous bousculer à l’intérieur.
Cela permet de prendre un peu de distance et de remettre du sens sur quelque chose qui semble nous échapper. Oui en effet chacun sent bien qu’il y a quelque chose qui ne s’explique pas et qui l’agit de l’intérieur.
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Nous poursuivons donc. Et après un petit plat… ça monte encore et toujours. Un lieux semble s’offrir à nous pour poser la tente, nous hésitons, demandons à un promeneur qui nous dit que ce n’est pas une bonne idée car le fermier est plutôt… spécial… Nous poursuivons.
Et poursuivre demande un gros effort. Je porte 85 kgs au moins, Marc bien 100 et Léon pas loin de 30. Ce n’est pas rien ! et cela fait une grosse différence, surtout dans les montées !
Et ça monte, monte, monte bien plus que prévu. Les objectifs ou les promesses de rafraîchissement nous aident à avancer, nous visons donc un café pour nous motiver. Nous ne savons malgré tout pas du tout où nous pourrons poser la tente. Il est bientôt 18h…
C’est long et difficile. Léon retrouve de l’énergie et avance mais je sens que Marc et moi forçons terriblement. Passo Tonale nous avait fait sentir l’épuisement physique et le dépassement de soi, là nous avons le sentiment de ne pas nous respecter et de passer en force. Ce n’est plus du dépassement de soi intelligent qui nourrit… car notre corps n’a plus les moyens de fournir l’énergie nécessaire.
On ne s’attend plus car il faut y arriver et nous n’en pouvons plus. Au moins le sentiment d’entraide est revenu et Léon et moi partons devant dans un lien qui soutient. Marc dévore tous les fruits secs qu’il reste en quête de sucres rapides pour réussir à monter.
Il est 18h30. Nous sommes au bar. Nous étudions la carte pour voir où dormir et nous nous rendons compte que nous allons finalement faire les 5 kms qui restent jusqu’au lac car avant, à moins d’une belle surprise, il n’y a rien pour nous.
C’est reparti ! Et… ça monte ! Mais moins. Et après la montée vient une descente assez jolie jusqu’au lac. Arrivés tout proche je ralentis lorsque tout à coup mon vélo part dans tous les sens. “Léon il y a quelque chose qui ne va pas !”. Crevé. Roue arrière à plat. Je décide de faire le dernier km en poussant car nous devons monter pour rejoindre la route qui borde le lac. Le fait de savoir que nous n’irons pas beaucoup plus loin est rassurant en soi et me donne l’énergie de pousser le vélo crevé.
Une table, un banc, un petit espace à côté. Parfait. Je prépare le repas pendant que Marc prépare la tente. La roue, ce sera demain.
Nous trouvons un chemin qui mène à l’eau et pouvons nous laver pendant que les enfants se posent dans la tente.
Demain ? Baignade et c’est tout.