Monocultura

Dove è permacultura?

Écrit par Marc le .

Voilà maintenant un peu plus de trois semaines que nous sommes en Italie. Nous sommes arrivés par la montagne, avons parcouru le Piemonte et notamment le vignoble des Langhe, la Lombardia du Po au lac d’Iséo et jusqu’aux pistes de ski de Ponte di Legno (teasing pour les prochains articles).

D’où je parle

Je ne suis pas spécialiste des sols ou de l’agriculture. Je suis un informaticien, développeur web, spécialiste de l’accessibilité numérique et d’écoconception de services numériques. Mais l’agriculture me concerne comme elle nous concerne tous, elle est la base de notre alimentation. La façon dont nous produisons notre nourriture et dont nous traitons nos agriculteurs me questionne souvent comme citoyen. Conscient des crises environnementales inédites que nous traversons, je m’interroge très fortement sur ce que nous allons manger demain. Et la plupart du temps je déplore que le critère le plus important pour guider nos choix communs soit le profit à court terme plutôt que la recherche d’une agriculture durable et résiliente.
Nous rongeons notre patrimoine et décourageons ceux qui en prennent soin.
Mes réflexions sont nourries par les quelques formations que j’ai suivies en permaculture ou agroécologie, les nombreuses conférences écoutées de spécialistes renommés, les réflexions et expérimentations avec les copains de Demain c’est Ici et Maintenant, notre super asso du Beaujolais et le lien que j’entretiens avec mes voisins et proches dans une zone rurale. Je n’ai pas de solution, je n’ai pas de leçons à donner, je ne sais pas comment cultiver, je me pose juste des questions.

Come stai

Ici comme en France, une chose nous attriste et nous sidère : l’état des sols.

Dans la plaine du nord-ouest de l’Italie, l’irrigation est partout. Bordé de montagnes, ce territoire est strié de canaux qui “capilarisent” les torrents et fleuves puissants rigolant des montagnes. C’est plutôt très agréable à vélo, même si on rencontre beaucoup de moustiques !

Au pays des noisettes, en dehors de quelques petits jardins, nous avons vu de la monoculture de noisetiers. De grandes parcelles au sol nu et dur comme du béton. Désherbées à coup de produits chimiques et certainement labourées, plus une once de vie n’accompagne ces beaux arbres. Nous sommes gourmands, mais cette vision a un peu freiné nos ardeurs à découvrir les spécialités locales à base de noisettes (on en a mangé quand même, rassurez-vous).
Au même endroit, il y avait également des monocultures de peupliers. Même traitement.

Alors que je traversais un de ces champs d’arbres en bord de fleuve, je me suis dit que l’agriculteur qui dégrade son sol ainsi (consciemment ? inconsciemment ?) se félicite sans doute des crues du fleuve voisin qui apportent tant de limon et de fertilité. Mais le limon que porte le fleuve trouble provient tout simplement des parcelles de plus haut. Nous rongeons notre patrimoine.

In vino

C’est très beau les collines des Langhe. Paysage classé à l’UNESCO, vins savoureux. Ça nous a rappelé le beaujolais et ses collines lumineuses. La crise du vin n’ayant pas encore frappé ici, la vigne est partout. Plus un arbre, plus un pré. Que du raisin. Les vignes sont belles. Beaucoup sont enherbées. Mais ici encore je me pose la question de la résilience. En cas de crise sanitaire ? En cas de catastrophe naturelle ? De nouvelle maladie ravageuse des vignes ? Sur quelle autre filière s’appuyer pour faire évoluer l’agriculture locale et nourrir la population ? Une filière prend énormément de temps à se mettre en place, il faut des formations, des débouchés, des pratiques, des réflexes, des partages, tout ça se fait sur des décennies.

In riso

En Lombardie, nous traversons les fameuses rizières de la plaine du Po. On nous avait prévenus, c’est monotone. Certes. Ici règnent le riz et le maïs. Les champs inondés par l’irrigation sont le régal des hérons et ibis. Nous y avons aussi croisé des culture de légumes. Tomates, poivrons, betteraves, céréales, élevages. En définitive, c’est plus varié. Les sols sont tout autant maltraités et comme en France, il n’y a plus trace de haies. Mais de nombreuses zones naturelles en bordure des rivières qui sont omniprésentes.

In Bordeaux

Nous avons aussi rencontré Fausto qui nous a hébergé dans sa ferme. Il cultive des céréales, mais également des myrtilles, des fraises et des tomates. Les myrtilles poussent dans des pots car la terre ici n’est pas acide. Les tomates poussent hors sol dans l’immense serre de 11000 m2 couverte de panneaux solaires produisant plus de 700kwc. Avant de construire cette serre, il est allé visiter la grande sœur à Bordeaux.
Pour la financer, il s’est associé avec un avocat et un banquier, bien joué.
L’exploitation de Fausto n’utilise pas de produits chimiques. Beaucoup plus de diversité dans la culture ici, mais la vie des sols ne rentre pas dans l’équation. J’aurais vraiment aimé parler plus avec cet homme généreux, disponible et accueillant mais je suis encore un peu juste en vocabulaire. Il me semble que négliger la vie des sols, c’est une fois de plus raboter son patrimoine.

Et la montagne

En remontant la vallée au nord du lac d’Iseo, nous retrouvons enfin une agriculture qui semble à taille humaine. Plus de jardins, plus de diversité, plus de haies, de petites exploitations. Cela nous fait du bien.