Porte ouverte

La piste en montagnes russes

Écrit par Estelle le .

Nous avons bien remonté vers le nord de l’Italie et sommes maintenant sous la pluie. Le départ ce matin a été difficile tant il pleuvait mais nous avons finalement réussi a faire sécher les quelques affaires qui avait pris la pluie. Nous partons donc et une fois n’est pas coutume, une grande partie de l’itinéraire qui s’annonce est une piste uniquement cyclable qui nous fait traverser la campagne.

La route est sinueuse et nous changeons vraiment de paysage. Les cultures familiales que nous observons dans les jardins sont de plus en plus foisonnantes et vivantes et les montagnes qui nous entourent dégagent une énergie qui donne envie de grimper un peu plus haut. Tant mieux ! Car nous partons pour 70 kms de montée et nous savons qu’il y aura des passages difficiles sans compter le temps qui risque de ne pas être aidant. On se prépare. En regardant l’itinéraire plusieurs fois et en en parlant afin de se donner des repères et de nourrir la force qui nous permettra de grimper.

Ce n’est pas encore chose aisée. Les émotions prennent parfois le dessus et dirigent alors les relations vers des chemins très escarpés… Si on le perçoit à temps cela nous permet d’aiguiser en nous cet axe central sur lequel nous pouvons nous appuyer afin de voir les choses de plus haut et ne pas se faire happer à notre tour dans ce grand manège à sensations.

Buon appetito

À midi, il pleut. Nous nous arrêtons sous un porche dans un petit village pour demander l’autorisation de s’abriter ici le temps de notre repas. Et la porte s’ouvre grand sur Davide et Elena qui nous accueillent et se mettent même aux fourneaux pour nous. Nous sommes une fois de plus touchés par la générosité des personnes que nous rencontrons. Elena est architecte et Davide, son frère, travaille comme cuistot dans un restaurant tout en pratiquant la photographie. Ils sont là pendant l’absence de leurs parents séjournant quelques temps en Sicile dans la famille et apportent visiblement une grande consolation au chien qui à l’air de mal vivre l’absence de ses maitres.

Le temps de faire sécher la tente et nous reprenons la route. La piste cyclable est magnifique et la pluie reste douce. Nous arpentons les chemins et sommes de plus en plus confrontés à des pistes très vallonnées. Cela nous coupe les jambes et la fin de journée est très rude pour moi et Léon mais serpentant à travers la montagne et la rivière Oglio, qui comme toutes celles que nous avons longées a un courant extrêmement puissant, nous trouvons néanmoins la force d’avancer.

Avec Davide et Elena
Une rappe à parmesan !

Faire dodo

Cette montagne nous subjugue et cette force minérale au milieu de la nature luxuriante dans la quelle nous évoluons crée des paysages somptueux que nous cherchons à saisir. Cela nous donne fortement l’envie d’un matériel photo de meilleur qualité ! Les différents promeneurs que nous croisons et à qui nous demandons un lieu où poser la tente pour la nuit nous indiquent un aire de camping-cars à quelques kms. Léon avait repéré un lieu possible mais trop en bord de rivière. En montagne avec les pluies et orages menaçants et la puissance de l’eau nous choisissons d’éviter de dormir si proche. Nous sommes en fond de vallée et des panneaux indiquent partout les risques de débordements liés également aux barrages.

Nous nous rendons donc à l’endroit indiqué. Arrivés et voyant que c’est un camping nous nous faisons une raison… il va falloir continuer. Les campings ici sont beaucoup trop onéreux et dans quelques jours nous allons nous arrêter pour plusieurs jours. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous arrêter avant aux prix pratiqués. Cela est tellement difficile pour les enfants que nous nous fixons un prix maximum et allons tout de même demander… pendant que Lucie nous fait beaucoup rire en nous disant “d’accord mais s’il est à 4 euros on accepte !” 4 euros. Un camping. Juste impossible. Nous devons nous adresser au bar qui fait office d’accueil en arrivant. Le prix pour une nuit avec une tente ? 5 euros… et un petit parc aquatique en plus.

Le monsieur nous accompagne et nous place à un poste avec une cabane pour que nous puissions avoir des bancs, une table et un abri ! Un peu plus tard il nous offrira 2 brioches (qui sont ici des croissants souvent fourrés au chocolat, marmelade, crème, pistache) pour le petit déjeuner des enfants de demain matin qui eux sont en train de déguster une glace qu’une voyageuse vient de leur offrir. Ils mesurent leur chance et le bonheur présent ce soir et n’en reviennent pas.