La rencontre avec Françoise avant d’arriver à Milan nous a bien donné envie d’aller à San Candido.
Nous nous dirigeons donc vers le Lago de Garda pour remonter vers Trento et nous frotter aux Dolomites.
Ce matin, c’est traversée de Milan. Tout le monde nous avait dit que ce n’était pas terrible Milan, et de fait, les deux journée de visites ne m’ont pas laissé une impression de ville accueillante. Certes les monuments sont magnifiques, mais je trouve la ville froide, hautaine. Les boutiques de luxe côtoient les cafés design aux prix défiant toute concurrence. Les consultants consultent et les SUV suvent. Pas trop ma tasse de thé.
Mais ce matin, nous longeons les canaux et passons par des rues très charmantes où la conduite du vélo s’avère délicate puisqu’il faut zigzaguer entre les rails des tramways sur une chaussée en dalles de pierres. La pause méridienne se fait face aux immenses tours de bureaux, nous sommes sur notre petite couverture de sol assis, voire allongés, sur un espace de gazon entre grosses voitures, travailleurs pressés et klaxons. Cette situation m’amuse un peu et je mesure la distance qui nous sépare désormais de ce genre de vie.
La famille Tortue
Nous continuons notre route grâce à l’Eurovélo dont le tracé nous fait longer les canaux pour sortir de Milan. Ils sont beaux ces canaux, ombragés, bordés de parcs de jeu. On y voit des poissons, des cannes mener leurs petits et même des tortues ! Nous avançons tranquillement en s’arrêtant à chaque toboggan pour tester lequel est le mieux.
Puis nous tombons sur LE parc de jeu. C’est l’heure du goûter et le timing est parfait pour s’arrêter. Nous nous posons et discutons avec un ancien. Pas sûr de tout comprendre, mais très sympa. La cahute dans le parc propose des glaces et des boissons. Nous nous y mettons. Décidément, nous sommes tombés sous le charme des glaces italiennes !
Oh, un français !
Puis arrive un cycliste. Il est équipé en cyclovoyageur et c’est très rare. Nous n’en avons croisé aucun depuis que nous sommes en Italie. Uniquement des cyclistes de route, des VTT ou vélos électriques loués à la journée. S’entame la discussion qui se fait très vite en français puisque Mathieu vient de Saint-Étienne.
Mathieu vient de quitter son boulot dans une brasserie artisanale et profite du beau temps pour faire du vélo. Il va rejoindre une amie un peu plus haut en Autriche mais n’a pas le même rythme que nous. Il trace !
La discussion se continue et nous décidons de poser nos deux tentes sur place pour la nuit.
Dans les choux
Mathieu a été maraîcher pendant quelques temps avant d’intégrer la brasserie. Son dos n’a pas suivi, il a donc dû arrêter. Il a travaillé dans deux exploitations où la vie des sols est une évidence et où l’on cherche à produire des fruits et légumes en accord avec le vivant.
Mais le système agricole n’est pas du tout calibré pour ce genre d’exploitations et il est très difficile de s’en sortir. Ça paraît fou. Notre système agricole valorise des modes de production qui abîment le vivant et qui produisent des denrées avec de moins en moins de nutriments. C’est vertigineux. On produit beaucoup, pour toujours moins cher, mais en tuant le vivant et en appauvrissant les produits.
La pénibilité du travail a fait que Mathieu est passé à autre chose. Mais si le travail est pénible, c’est que le système agricole n’est pas calibré pour ce genre d’exploitation. Il faut remplir les supermarchés de produits standardisés. Et tant pis pour la vie.