Quitter Alessandria, certes, mais pour où ?
On ne peut pas dire que nos plans sont bouleversés car une des spécificités de notre voyage et de ne pas prévoir d’itinéraire à l’avance, nous appelons ça un voyage ouvert. Nous savons juste que nous allons vers la Slovénie. Mais un événement vient nous faire changer de direction : la dissolution. Notre Président fait ainsi partie du voyage, lui aussi. D’abord, sous forme de blague récurrente. À chaque fois que nous nous trouvons sur une grosse route très passante, je lance un fort “J’ADORE LA BAGNOLE !” qui est repris en chœur par les enfants. Et la dissolution de l’assemblée nationale nous mène à aller faire valider nos procurations dans un consulat. Le plus proche est à Milano que nous n’avions pas spécialement prévu de visiter.
Lombardie donc
L’itinéraire que nous traçons est très rural. Nous fuyons les grandes routes et les grosses villes pour quelques jours. Et quel plaisir. Les petits villages du Piemonte et de Lombardia sont souvent bien vivants avec des cafés, des commerces et des mots gentils échangés.
Les enfants y cherchent deux choses : les aires de jeux et les églises. Ils veulent visiter toutes les églises et sont les premiers à y rentrer. C’est vrai que la plupart sont impressionnantes comparées à la taille du village. Je n’ai jamais été très fan de baroque, mais j’avoue que l’Italie me fait doucement changer de bord… Y’en a des bien comme dirait un poète Super.
Notre première étape se fait en bord de Po qui marque la délimitation entre Piemonte et Lombardia. Nous le traversons sur un gros pont (J’ADORE LA BAGNOLE !) avant de retrouver les petites routes serpentant entre les rizières. Car la plaine du Po, c’est plat. Et c’est plein de rizières. Cela me rappelle étrangement mes étés passés dans la Beauce où adolescent je promenais mon vélo entre les champs de blé.
Nous croisons la route de deux belles couleuvres qui font la joie des enfants. Nous nous régalons également des ibis, hérons cendrés ou autre bihoreau.
Nonna
À Mezzana Bigli, nous rencontrons Evelina, une grand-mère de 87 ans avec qui nous discutons. Elle est adorable et nous accompagne de l’église au marché. Elle finit même par nous offrir un paquet de biscuits pour les enfants. Elle est très touchante cette grand-mère et elle parle très clairement et lentement, ce qui nous facilite la tâche pour comprendre ! Une fois de plus, le village nous étonne par sa vitalité. Environ 1000 habitants et de nombreux commerces ouverts, un marché et une église somptueuse.
Riso tôt
Nous finirons la journée à San Biagio (après une nouvelle crevaison de la roue d’Estelle) où nous serons guidés par le président du club de foot qui nous indiquera un spot de bivouac au top à côté du stade et du café. Les enfants se feront d’ailleurs offrir une glace par un des clients !
Nous plions la tente lorsqu’un pickup arrive un peu rapidement. En sort un colosse accompagné de deux acolytes. Ils nous demandent d’où nous venons et où nous allons et nous offrent un magnifique paquet de riz du village en nous souhaitant un très bon voyage ! Il font partie de l’amicale locale et sont ravis que nous ayons dormi ici. Nous prenons un café et repartons avec deux croissants offerts par la serveuse du bar. Décidément, les gens ici sont fortement sympathiques et généreux.
Nous traversons le Ticino sur un beau pont flottant comme on n’en voit pas souvent. Nous savons où nous allons dormir ce soir et nous sommes rassurés. En effet, bien compliqué de bivouaquer dans une ville comme Milano et nous n’avons pas trouvé de camping. Aucun des messages warmshowers n’a eu de réponse et nous n’avions pas de piste jusqu’à tomber sur cet agriturismo, le seul de la région. Et il y a de la place pour nous, ouf !
Lumière !
La pause méridienne se fait à Binasco où nous rencontrons Françoise, une vosgienne vivant en Italie. Nous discutons bien. C’est étrange de parler français en dehors du cercle familial. Françoise est adorable et nous accompagne jusqu’à l’embranchement de la piste cyclable qui nous emmènera à Milano. Elle offre même des petites lumières à accrocher aux vélos des enfants pour qu’ils puissent être bien vus en ville. Elle a beaucoup voyagé et nous vend les dolomites comme étant les plus belles montagnes au monde… hmmm… tentant.
Concerto
Avant de rejoindre notre camping à la ferme, nous faisons un détour par l’énorme zone commerciale pour quelques achats. Nous nous sentons chez nous ! Nous retrouvons les mêmes enseignes qu’à la maison et la même ambiance sordide et nerveuse, nous sommes soulagés. Nous en rions bien ensemble, mais nous n’aimons vraiment pas ces zones.
C’est pourtant ici que je discute en français impeccable avec une Roumaine qui réside à Milan et qui me donne des conseils pour notre passage en Roumanie. Elle est prof d’anglais, de français et de cinéma. Avec son mari, ils ont décidé de changer de pays tous les deux ans pour faire découvrir d’autres cultures à leurs enfants.
Je ne parviens pas à acheter de légumes dans l’hypermarché, ils me font froid dans le dos… tant pis, nous trouverons autre chose ou nous nous en passerons.
Et quelle bonne idée j’ai eu ! En arrivant à notre camping, de magnifiques légumes bio produits sur place nous attendent à côté d’autres produits artisanaux et locaux. Ça fait du bien. Et surprise, nous avons même droit à un concert en fin d’après-midi. Une chorale locale se produit et c’est un régal. Et le régal se poursuit puisque nous sommes invités à partager une petite collation qui fait office de repas complet.
Pour les remercier, nous leur chantons une des chansons que nous apprenons en famille pour pouvoir les partager sur la route, ils ont ainsi eu droit à une belle interprétation de “Tous les cris les S.O.S.” de Daniel Balavoine.