Des étoiles à la mer

Retour à la ville

Écrit par Estelle, Marc le .

Cela fait deux jours que nous hésitons sur la suite. Nous partons ce matin, mais où ?
D’être aussi haut déjà, ça nous donne envie d’aller plus haut encore et de passer par le Mercantour et Barcelonnette pour rejoindre l’Italie. De retrouver aussi un peu de grande nature, moins de voiture, plus d’air, de calme et d’espace. Nous en ressentons profondément tous les 4 le besoin. Nous sommes saturés par ces jours d’étapes très urbanisées, la concentration que cela demande due à la circulation est intense et cela nous reposerait également d’être sur des routes vraiment secondaires. Alors on calcule, on discute, on consulte, on statue sur le col d’Allos et… au dernier moment, on se rend compte que ce col qui aurait pu être à notre portée est fermé pour cause de dégradations hivernales. Il faut renoncer au Mercantour. Et nous mettons du temps a accepter tant la frustration et la déception sont grandes.

Nous choisirons donc la voie initialement prévue pour le passage en Italie : train jusqu’à Ventimiglia, puis jusqu’à Limone. Nous aurons hésité jusqu’au dernier moment.

Nicolas nous propose cependant de nous emmener jusqu’à l’observatoire du plateau de Caussols pour que nous puissions profiter de la route magnifique qui nous mènera jusqu’à Nice. Grâce à lui nous aurons donc la joie de rouler un peu dans les hauteurs et de profiter de ces paysages remarquables des pré-Alpes. Sa générosité profonde et son envie de partager les belles choses, tout en retenue, force notre respect et nous invite à la gratitude. Merci !

Une petite anecdote tout de même, Nicolas est entre autres instructeur de parapente à moteur et a volé un peu partout dans le monde dans des conditions incroyables. Il a notamment appris à voler à un éleveur de rennes de Laponie qu’il surnomme Dersou Ouzala du nom du héros du film éponyme que nous avions vu et beaucoup aimé avec Estelle.

La tête dans les étoiles

Nous déchargeons le mini-bus et remontons les vélos, vérifions les freins et que tout va bien. Un dernier petit coucou et c’est parti pour la descente depuis l’observatoire jusqu’au plateau. Impressionnant. Nous sommes à la montagne, c’est beau, ça sent bon, c’est grand et ça fait du bien de pédaler dans un tel environnement.

Le passage du petit col et c’est la grande descente vers Gourdon. Les paysages sont sublimes et nous nous régalons tous. Tout à coup, je sens mon vélo partir dans tous les sens… en pleine descente de montagne et je ne suis vraiment pas aussi à l’aise que Marc pour vivre ce genre de chose sereinement !
Heureusement je viens de freiner pour laisser passer une voiture et un bruit inhabituel m’a forcée à le faire davantage pour être à l’écoute juste avant que tout se mette à zigzaguer. Une fois de plus je me sens pleine de gratitude pour l’enchaînement des évènements et n’ose imaginer ce qu’aurait été cette mésaventure si rien ne m’avait obligée à freiner…

Nous trouvons une petite place pour réparer. C’est ballot, nous avons changé les pneus des vélos adultes à la Ciotat pour mettre des pneus increvables Schwalbe Marathon Plus. Mais le soucis ne vient pas du pneu; c’est la jante. La bande plastique qui protège la chambre à air est un peu abîmée et il va falloir la changer. En attendant on répare sur le bord de la route. En reprenant le chemin, je n’arrive pas a passer au-dessus de l’émotion qui se libère petit à petit et fait naître au fur et à mesure un sentiment d’insécurité sur mon vélo. Sur le coup, mon esprit est resté “froid” pour gérer au mieux la situation, pas d’émotion dans l’instant car tout mon système est alors orienté dans la recherche de la meilleure solution a apporter.
Je pédale donc tendue en rêvant d’un changement de vélo et de l’acquisition d’un fahrradmanufaktur tx400 ou 800 dont on m’a tant parlé… Cela n’a pas vraiment de sens puisque le problème ne vient pas vraiment du vélo mais tout de même, je pédale et je prie pour qu’il se présente de lui même sur mon chemin. “bonjour Estelle je t’attendais juste là, je suis en parfait état, on peut y aller !”

Gourdon

L’arrivée sur le village de Gourdon est réellement magnifique. Nous visitons Gourdon et y mangeons une salade maison que les enfants ne sont pas spécialement heureux de retrouver. Le village offre une vue sur la vallée à couper le souffle. Au moment de repartir, nous nous rendons compte que la crevaison n’est pas bien réparée, il faut recommencer. Ce qui nous permet de rencontrer Alessio, un italien qui nous indique quelques coins à visiter chez lui. Estelle et les enfants discutent avec les commerçants et le marchand de sucettes finit par offrir deux énormes sucettes aux enfants !

Pistes cyclables pour bagnoles

La route qui suit est encore magnifique, et plus nous nous rapprochons de la ville, plus nous regrettons de ne pas avoir pu passer par la montagne… Mais c’est ainsi. Plus nous avançons vers Nice, et pire c’est. Si la piste qui longe la mer est vraiment agréable, celles qui précèdent sont décoratives et faites pour éviter que les vélos enquiquinent les voitures. Pleines d’obstacles et de déviations, nous peinons à y progresser alors que lorsque nous roulions sur la route, nous avancions à bonne allure. Mon agacement un peu bruyant fait sourire un passant qui nous souhaite bon courage.

Chris de Nice

Initialement, nous voulions éviter Nice, mais mon Oncle Christian y est arrivé hier soir. Il vient régulièrement ici pour s’occuper de sa tante qui y habite. Alors c’est l’occasion de voir mon oncle et ma grand-tante et cela nous réjouit !

Christian est graveur. Il a été prof dans une grande école d’art et continue son activité dans un domaine très spécifique qui m’intéresse beaucoup. Cela fait plusieurs années qu’il réalise des ouvrages à destination des aveugles. Il crée des pages en gaufrage permettant aux aveugles et grand malvoyants de percevoir par le toucher ce que d’autres peuvent voir. La Tenture de l’Apocalypse, l’abbaye de Cluny, la coupole du Panthéon ou encore les vitraux de la Sainte-Chapelle sont passés entre ses mains. Il a réalisé dernièrement un ouvrage avec le photographe Sebastião Salgado pour son travail sur la forêt Amazonienne et travaille actuellement sur les sports des JO.