Marie et Nico, qui nous accueillent chez eux pour cette grande pause, sont tous deux vignerons. Marie est maître de chai dans un grand domaine à Bandol et Nico s’occupe des vignes du Conservatoire du Littoral.
Il y a quelques années, ils ont rencontré Marc, passionné de permaculture et d’agroécologie plus largement, qui a une petite propriété avec des vignes sur le terroir de Bandol. Ils ont décidé de s’associer pour créer un petit domaine où ils pourraient expérimenter des méthodes de culture en accord avec leur vision de l’agriculture.
Des haies, du maraîchage et des engrais verts
Nico nous a emmené sur une parcelle qu’ils viennent d’acquérir et de planter. Ils y ont également planté des haies et des rangs d’arbres fruitiers. Le but : profiter de l’effet climatiseur des arbres. Ils ont également semé des engrais verts entre les rangs comme font beaucoup de vignerons maintenant.
Une fois encore, la difficulté des expérimentations en agriculture, c’est qu’elles prennent beaucoup de temps. Ce qui est fait cette année, aura peut-être un effet l’an prochain ou dans plusieurs années, si les conditions sont favorables…
Sur une autre parcelle, proche de l’habitation de Marc, la vigne a été plantée il y a bien longtemps, mais il y a très peu de terre car la roche est peu profonde. Aussi, la vigne peine-t-elle à s’épanouir. Plutôt que d’arracher la vigne pour une autre culture, ils ont décidé de cultiver entre les rangs d’autres espèces en suivant le principe de la permaculture. Chaque espèce peut aider l’autre en lui apportant ce dont elle a besoin et sans la gêner. Herbes aromatiques, légumineuses, médicinales sont donc implantées et peuvent permettre des récoltes qui apportent un revenu complémentaire à la vigne qui semble se plaire à ces associations.
Le vin est excellent et pour ne rien gâcher, le jardin et le potager en permaculture de Marc sont un régal pour les sens.
Les résilients
Marie et Marc font partie des Résilients, un collectif d’agriculteurs qui s’interroge sur l’avenir de la profession au regard des crises environnementales sans précédent qui ne vont pas manquer de changer le visage de notre société. Ils ont travaillé sur le sujet de l’eau et se sont interrogés sur les bonnes pratiques à mettre en place pour anticiper au mieux les effets du réchauffement global. Pour ce faire, ils ont organisé un voyage au Maroc pour voir comment se passait l’agriculture sous un climat désertique.
Ce qu’ils ont vu là-bas les a totalement affolés. Ils ont vu tout ce qu’il ne fallait pas faire à leur sens. Le Maroc suit l’exemple de l’Espagne en mettant en place une agriculture très consommatrice en eau, sur d’immenses exploitations qui vont pomper l’eau dans les nappes phréatiques pour la stocker dans des méga-bassines afin d’exporter les cultures et créer du profit à court terme. La ressource en eau diminue, le premier servi remporte la mise et les sols sont détruits durablement. Tout ça n’est pas génial pour favoriser la résilience…