Côte côtes

Ça rend chèvre

Écrit par Marc le .

La promeneuse d’hier soir s’appelle Patricia et elle revient nous voir ce matin. Elle nous offre un petit sachet de fruits secs.

Nous plions et je me lance dans le déménagement des affaires en passant par la terrasse du café, comme hier. Après de nombreux aller-retours, le patron qui papote avec un amis me dit avec son accent marseillais : “Té, mais t’as un camion pour mettre toutes tes affaires ou quoi ? Ça fait une heure que tu passes et y’en a toujours plus !”. La discussion est lancée, elle va durer un peu et tout le monde va tenter de nous trouver le meilleur itinéraire pour aller à Marseille, puis à la Ciotat, puis en direction de Nice. Je bois du petit lait. Et les enfants boivent le sirop que le patron leur a offert !

Pendant ce temps, Estelle et Patricia discutent longuement sur la plage où se déroule notre petit-déjeuner. Patricia était aide-soignante. Passionnée de monte western, elle était également acrobate équestre. Elle aime beaucoup les animaux et c’est réciproque. Son truc c’est le soin et elle s’occupe aussi bien des bêtes que des humains. Elle avait déjà entendu parler de soins énergétiques mais elle était très dubitative. Pourtant, un jour, elle a accepté de participer à un stage de Reiki et a trouvé une nouvelle manière de prendre soin des autres. Elle s’est formée et propose désormais des séances de Reiki à qui veut bien en recevoir.

Le Reiki est une pratique qui nous vient du Japon. Celui qui donne le soin se fait le vecteur de l’énergie de l’univers. Il est invité à faire le vide et à imposer les mains. Comme beaucoup de pratiques de soin énergétique, celle-ci est souvent la cible de critiques acerbes en Europe. Patricia y trouve son compte en tout cas, elle aime permettre aux autres de se sentir bien.

C’est parti pour la montée

Nous quittons la côte et attaquons la côte. Au début, ça monte tranquille. Mais Estelle et Léon sont toujours kaput. Nous sommes dans un défilé rocheux aux parois très encaissées, un endroit idéal pour une embuscade auraient dit les cowboys d’un mauvais western. C’est beau.

Puis la pente augmente. Ça devient de plus en plus raide. Nous poussons les vélos. Un des copains du patron du bar de Carry avec qui nous avons discuté ce matin nous aborde avec son scooter pour un dernier salut. Il fait chaud mais nous arrivons au col qui précède le Rove.

Cette commune est bien connue dans la région, un berger y laisse paître ses chevres en liberté. Il n’est pas rare d’en croiser quelques-unes sur la route… Ce ne sera pas notre cas. Mais nous mangerons sur la place de la mairie du Rove à côté d’une belle statue de chèvre et d’une exhortation à la paix. Pas désagréable.

Marseille

La descente depuis le Rove est magnifique, à serpenter entre les parois rocheuses arides et sauvages.
Le panneau Marseille nous accueille de bonne humeur, nous serons bientôt arrivés chez Gaël et Louise. Gaël, c’est un ami de 25 ans que nous n’avons pas vu depuis plus de 10 ans. De ces amis qu’on retrouve après tant d’années avec beaucoup de naturel et de simplicité.

Un regard sur mon GPS m’indique qu’il nous reste 11km à parcourir. Ah, un bug ? Je recalcule l’itinéraire, mais c’est bien 11km qu’il nous reste à parcourir pour atteindre l’appart de Gaël ! 11km de ville.

Bien sûr, la route côtière est réservée aux voitures, nous sommes donc relégués à l’arrière de la ville qui est plus que vallonnée. Voitures, côtes, bruit, klaxons, ça ne nous fait pas rêver.

Après bien des bosses, il reste 500 mètres à parcourir, mais quels 500m ! Une côte à 15% nous attend qui nous achève. Estelle est exténuée, Léon aussi. Je passe de l’un à l’autre pour aider à pousser les vélos, vais récupérer le mien, un ballet qui réchauffe le corps. C’est donc en nage que nous arrivons chez nos amis. Nous serons logés dans l’appartement de Louise qui se trouve à quelques centaines de mètres de chez Gaël, un appart rien que pour nous ! Avec vue sur la mer. La douche est la bienvenue.

La base

Gaël et Louise sont engagés dans la gestion de La Base, un tiers-lieu participatif où se retrouvent les assos et collectifs qui œuvrent pour les transitions à Marseille. Ils y organisent une soirée ce soir et nous sommes conviés. Bien volontiers ! C’est déguisé. Louise nous prête quelques accessoires pour que nous n’ayons pas à nous déguiser en cyclistes. Les lieux sont aménagés à grand coup de chantiers participatifs, une matériauthèque de compét’ fait également office de salle de réunion, il règne ici une atmosphère paisible et amicale.
Nous y passerons un très bon temps mais rentrerons tôt car nous sommes bien fatigués.