Neige, chèvres et bolides

Et beaucoup de gentillesse

Écrit par Estelle, Marc le .

Au réveil après cette bonne nuit nous sommes surpris. Dehors il fait 3/4 degrés il y a du vent qui se lève petit à petit et il neige ! Heureusement que nous avons choisi de garder nos affaires chaudes, dont nos gants, sinon je ne vois pas comment nous pourrions partir d’ici !
Notre fée Blandine revient vers nous le matin pour s’assurer que tout va bien. Les courses automobiles vont démarrer également, tout est en train de se mettre en place.

Le temps de plier Lucie a bien froid et Léon aussi lorsque, Blandine repasse de nouveau pour nous proposer de prendre les enfants et de les descendre à la chèvrerie en contrebas dont elle nous avait parlé la veille et dans laquelle nous voulions nous arrêter. Malheureusement pour Léon nous avons besoin qu’il prenne son vélo. Lucie descendra donc seule avec Blandine le temps que nous la rejoignions. Les bénévoles des essais automobiles communiquent entre eux et attendent que nous soyons prêts à lever le camp avant de démarrer pour ne pas nous bloquer ! Merci ! Nous voilà donc en route pour rejoindre Lucie et Blandine dans la chèvrerie de Joé.

Joé, est installée ici depuis 10 ans, en location, après avoir fait un an de voyage en âne avec son compagnon.

Aujourd’hui nous faisons 20 000 fromages environ par an, on a une quarantaine de chèvres, ça nous suffit. Je ne changerai pas de vie ! Même si, c’est vrai, on travaille tous les jours.
A partir de septembre / octobre jusqu’en février on travaille aussi bien moins. Il n’y a plus de mise bas donc plus de lait, on s’occupe de nos bêtes et on se cale sur l’automne / hiver… les saisons où on a plus envie d’être dedans, au calme. À l’arrivée du printemps c’est reparti à fond, on s’ouvre et le rythme s’accélère sérieusement !

Une grande attention est portée ici au bien-être des animaux. Je me suis toujours questionnée sur la difficulté pour un exploitant de se séparer de ses bêtes alors j’en profite pour questionner Joé à ce sujet.

Au début c’était difficile de se séparer des bêtes. Avec le temps et le regard global que l’on a sur le troupeau, j’ai l’impression que chaque chose a sa place.
Je ne le vis plus de la même manière. Les bêtes que l’on garde on s’en occupe, on a le sentiment qu’elles sont heureuses. Pour les autres on fait attention. Je ne crois pas que ce soit la mort qui soit si terrible que ça mais la souffrance animale.
Quand je dois aller à l’abattoir je téléphone avant et j’amène les bêtes au dernier moment. Je ne veux pas qu’elles attendent et qu’elles soient mal.

Vroum vroum

Les enfants font le tour de la chèvrerie, mais ils sont captivés par les essais automobiles qui se préparent. Christian, le bénévole présent pour sécuriser l’itinéraire des voitures de rallye à la chèvrerie nous explique tout.

Le rallye des monts du lyonnais se prépare et les écuries ont une autorisation préfectorale pour faire des essais. Deux routes sont bloquées par deux écuries différentes. Les pilotes peuvent ainsi s’entraîner et les entreprises peuvent tester leurs produits (pneus, freins, etc.). Pour sécuriser le trajet, les écuries font appel à des bénévoles. Ils sont présents à chaque endroit où quelque chose est susceptible de se passer : sortie de voiture, une bête qui traverse, un ramasseur de champignons qui se balade…

Les organisateurs bloquent la route, les pilotes effectuent 2 ou 3 aller-retours et la route est ré-ouverte à la circulation. Puis un autre pilote fait ses essais et ainsi de suite. Chaque véhicule ou piéton qui circule sur la route est décrit et suivi à chaque étape du parcours car le moindre oubli peut être dramatique !

Les bolides font un bruit épouvantable et nous oscillons entre la fascination, l’agacement et un sentiment de vacuité. Malgré la gentillesse des bénévoles et l’organisation impeccable, tout cela nous laisse une impression désagréable. Les écuries privatisent plusieurs fois par an une route et cassent les oreilles à toute la vallée pendant plusieurs jours, abîmant les chaussées et “salissant” un endroit ou semble régner une paix simple, rude et superbe. Nous nous sentons bien ici. Nous sommes bien soulagés lorsque nous laissons ces voitures à plusieurs centaines de milliers d’euros derrière nous.
On se souviendra quand même que nous avons eu la chance de voir un vendeur de tomates piloter un grosse voiture. Christian nous indique en effet que le pilote qui vient de passer est maraîcher !

C’est reparti

Le temps s’adoucit et c’est donc le moment de repartir. Une longue étape nous attend, mais pour une fois, nous allons la faire à toute vitesse. Il s’agit en effet d’une grande descente de 20km ! Du col de Mézilhac à Ucel, belle récompense après la rude côte d’hier.

Nous quittons la rudesse du plateau en début d’après-midi et nous laissons glisser sur les lacets serpentant dans un paysage magnifique. Rivières, montagnes, villages perchés, hameaux charmants, tout nous régale les yeux.

La montagne

Nous décidons d’aller boire un café dans un petit village qu’on nous indique être de caractère. Mais il faut grimper jusqu’au centre bourg et ça grimpe bien ! Arrivés sur la place d’Antraigues, nous comprenons assez facilement que Jean Ferrat est passé par là ! Place Jean Ferrat, musée Jean Ferrat, la tombe de Jean Ferrat, le bar La Montagne… Il règne ici une atmosphère très agréable et pleine de bonhommie.

Ravis par ce petit arrêt, nous pouvons finir de descendre et poserons notre tente face à Aubenas sur les rives de l’Ardèche.